Phase VI – MES CATASTROPHES DE 1994
Chap. 1 : 12 JANVIER 1994, DECES DE MON PÈRE
Pages 99 à 102 : AUX FUNERAILLES DE MON PÈRE

Quelques jours plus tard, et après les escales à Douala, au Cameroun, puis à Libreville, au Gabon, j’étais arrivé dans mon village natal, le village de mon père Assoumou Ndoutoume Daniel. Mon village Engongome, surnommé encore Engong, comme dans le Mvett. Le village de Tsira Ndong Ndoutoume. Malgré les douleurs de mon cœur et les secrets que je détenais de mon père, je faisais tout pour que personne ne s’en aperçoive. Et puisque j’étais un peu effacé dans la maison, personne ne trouvait donc important de passer un temps de regard sur moi. Et pourtant, c’était bien le fils de son père, qui était assis en silence, sans bruit…

Depuis mon arrivée à Libreville, j’avais déjà été informé par mon grand frère et bien d’autres personnes de la famille qu’on n’a pu m’attendre pour l’enterrement. D’ailleurs, pourquoi devrait-on attendre, un Vaut Rien, sans importance. L’essentiel était que tous les ‘vrais enfants du défunt’ étaient déjà là, même ceux qui résidaient en Europe…

Enfin, le 18 Janvier 1994, soit une semaine après le décès de mon père, j’étais arrivé au village Engongome. J’avais fondu en larmes sans que beaucoup de gens voient ce qui se passait en moi. Extérieurement j’étais visible mais intérieurement, j’étais un autre homme. Je murmurai auprès de Dieu et de mon père de ne pas m’abandonner en chemin. Tous mes frères et sœurs avaient tout au moins revu le visage de mon père pour une dernière fois avant son enterrement sauf un seul. Cette douleur fut atroce en y pensant…

Je m’étais placé devant cette montagne de terre où il était enterré. J’y étais resté pendant un bon moment dans la douleur et les larmes. Je parlais sans lui parler et sans que personne ne me voit parler. Je ne sais même plus si je parlais où si je ne parlais pas. Je me souviens que j’étais simplement debout devant cette tombe…

Me dirigeant vers les personnes présentes pour saluer, j’avais remarqué la présence des meilleurs amis de mon père, ses confidents, les bouillonniers. Je savais que plusieurs avaient reçus de ses confidences en ce qui me concernait. Et au passage, j’observais qu’ils avaient un regard particulier sur moi. Ils savaient que mon père avait une considération particulière sur moi et probablement ils avaient été édifiés sur les surprises futures que connaitra sa maison; Du Mvett, l’Orage. Personne n’en disait mot, moi non plus et je ne voulais pas que les gens sachent mes secrets, mes confidences….

Deux jours plus tard, le 20 Janvier 1994, deux de mes frères m’avaient informé que papa leur aurait fait connaitre deux volontés à savoir : premièrement, qu’il ne m’avait rien reproché, donc pas de problème avec moi. Par contre, il leur aurait indiqué que ma demi-sœur, issue aussi d’une mère qui n’est pas ma belle-mère, aurait été rejetée parce qu’elle était matérialiste, et lui aurait demandé sa part d’héritage. À cette information, je gardais mes pincettes parce que je ne pouvais croire à cela. Je connaissais par contre la grande vérité de mon père qui s’abattra dans sa maison dans les années à venir. Deuxièmement, il aurait dit de faire rentrer tous les véhicules à Libreville pour usage familial. Et là aussi, je doutais de la véracité de cette information. Car cela voudrait dire que même le véhicule qu’il avait offert gracieusement à son grand frère, Tsira Ndong Ndoutoume, devrait aussi remonter à Libreville ?! Lui, Assoumou Ndoutoume, si attaché à son grand frère, en me le répétant à plusieurs reprises pour que cette information ne sorte jamais de mon cerveau, avait-il réellement dit cela ?…

Les funérailles terminées, c’était le retour à Oyem. Le King, Tsira Ndong, que j’avais rencontré discrètement avant mon départ, m’avait invité à une brève rencontre avec lui en privé. Il m’indiqua, comme je m’y attendais, que mon père et lui avaient déjà discuté et traité mon cas mais sans me donner plus d’autres détails. D’ailleurs, ces détails n’étaient pas nécessaires pour moi, parce que ces deux personnes avaient une dimension spirituelle très élevée que je me perdrais probablement à chercher à percer leur mystère….

Enfin de retour à Libreville et avant mon départ pour le Rwanda, ma belle-mère, tous ses enfants et moi avions passé de très bons moments dans notre maison de Kinguele. Il n’y avait aucun signe de haine, ni de soupçon de ma part….

Ainsi, le 25 Janvier 1994, ma belle-mère, moi et deux de mes frères, avions fait un petit conseil de famille restreint pour évaluer les besoins qui me restaient alors que je retournais finir en beauté les dernières semaines qui me séparaient de la graduation. Agissant en bonne mère, ma belle-mère m’avait assuré que les fonds nécessaires me seront envoyés régulièrement. Nous avions aussi parlé de ma demi-sœur pour que la famille reste dans l’unité….

Puis le 28 Janvier 1994, j’avais repris le vol Cameroun Airlines pour rentrer à Kigali, et retrouver ma fiancée et mon campus de Mudende…
(A suivre)