Phase VI – MES CATASTROPHES DE 1994
Pages 97 à 99 – Chap. 1 : 12 JANVIER 1994, DECES DE MON PÈRE

Ma dernière année académique de Licence en Gestion de 1993-1994 avait bien commencé. Il n’y avait aucun nuage à l’horizon en ce qui concernait ma vie. Tout allait parfaitement bien en attendant l’arrivée de mon père courant 1994. Et quoi de plus normal pour le fils d’un homme très riche et qui était convaincu de continuer à recevoir gratuitement de l’argent frais envoyé par ce dernier. Il suffisait de lui dire que je n’en avais plus, et le compte bancaire était remis hausse.

Mais j’avais oublié si vite une instruction particulièrement importante qu’il m’avait donné : ne pas trop me coller à son argent, mais de planifier en avoir moi-même. Je continuais de jouer à la grande vie de fils d’un grand, sans que je ne dise à personne parmi mes condisciples, en dehors de ma fiancée, de riche père que j’avais. Celle là venait de voir une partie de ces biens matériels, la grande partie de sa richesse n’étant pas visible. Je voyais déjà me vie en rose et la honte qu’allaient encaisser maudits sorciers, qui avaient prédit que je n’aurais même pas d’épouse dans ma vie…

En effet, le 3 Janvier 1994, dans un fax envoyé par mon grand-frère Christian, dit « Perico », le fils ainé de ma belle-mère, dans lequel il m’informait que papa était gravement malade en France et que son état de santé n’était pas rassurante. Je trouvais cela un peu surprenant qu’il en soit malade jusqu’à ce point, puisque nous venions de nous séparer après mes vacances il y avait à peine 5 mois. Bien que cela me préoccupait un peu, je m’étais aussi dit intérieurement que rien ne lui arrivera. C’était tout de même le petit frère de Tsira Ndong, Maitre du Mvett, un immortel d’Engong. La mort ne devrait pas en être une préoccupation pour lui, puisqu’il est lui-même un initié, un doué dans cet art et culture du Mvett. J’étais convaincu qu’il allait vaincre cette épreuve et renvoyer cette maladie d’où elle venait. Assoumou Ndoutoume n’était pourtant pas n’importe qui, murmurais-je….

Malheureusement, le gardien du souffle de vie n’est que Dieu Seul et il en décide à son gré. Le 12 Janvier 1994, notre Précepteur, Responsable du dortoir des garçons du campus de l’Université Adventiste d’Afrique Centrale à Mudende, le pasteur M.T., de nationalité congolaise (RDC), était arrivé dans ma chambre avec un air inhabituel. Je pensais qu’il était venu me faire une remarque sur un éventuel mauvais comportement. J’avais de très bons rapports avec lui. Il était l’un des rares responsables de l’Université qui croyaient en ma sincérité de vouloir épouser cette fille rwandaise…

Ce décès était comme un coup de marteau sur ma tête. Mon espoir de devenir cet enfant particulier né hors mariage et surprenant les sorciers n’allait  plus voir le jour. Mon avenir était devenu très sombre brusquement et je m’étais affaibli comme si la vie ne valait plus la peine d‘être vécue. Peu de temps après, j’avais reçu des coups de téléphone venant du Gabon, en particulier de mon grand frère, P., qui confirmait ce décès. Malgré la douleur et les larmes, il me fallait être courageux et reprendre mes sens. J’étais très loin de mon pays et il fallait m’organiser pour y aller. Peut-être aurais-je la possibilité d’y arriver avant son enterrement afin de revoir sa face, lui donner un dernier baisé au front ou recevoir un dernier secret éventuel via nos derniers regards même s’il dormait déjà définitivement…

Et comme il fallait continuer tout de même à vivre, j’avais annoncé cette triste nouvelle à ma fiancée. Celle-ci fut également abattue puis elle était venue me réconforter moralement. Peu de temps après, je m’étais rendu en express au Gabon pour tenter de revoir mon père avant son enterrement. J’étais vraiment surpris que mon père puisse mourir de la sorte, lui le frère de Tsira Ndong. Mon père n’était-il donc pas probablement immortel comme cela se disait dans ma famille ?…
(A suivre)