Phase VIII –TSIRA NDONG, LE MVETT ET LA BIBLE
Pages: 154-156
Chap. 5 : COMPOSITION D’UNE SEANCE DE MVETT

En règle générale, le diseur du Mvett raconte souvent des histoires que l’on peut qualifier de sorcellerie parce que ce sont des faits impossibles, inexplicables, inimaginables ou inhumaines et dont parfois l’auditoire ne peut saisir l’explication. Dans ce type de situation, bien que la sorcellerie existe bien, ici on appelle simplement cela «Mbo’o» que l’homme de Oku, ou le blanc appelle «mystère». Par exemple, l’insertion du Dieu créateur ne peut être expliquée et ce n’est pas pour autant que l’on dira que c’est de la sorcellerie. En langage Fang, Ekang, cela s’appelle simplement «Mbo’o», « Mystère ».

Prenons quelques exemples du «Mbo’o» ou «Mystère» à partir de la bible. Rendons-nous donc dans les livres prophétiques de Daniel ou de l’Apocalypse cités dans les chapitres précédents de cet ouvrage. En les lisant, on ne peut rien comprendre par une simple lecture si l’on en reste là :

Dan. 7 :6-7 « Après cela je regardai, et voici, un autre était semblable à un léopard, et avait sur le dos quatre ailes comme un oiseau; cet animal avait quatre têtes, et la domination lui fut donnée. Après cela, je regardai pendant mes visions nocturnes, et voici, il y avait un quatrième animal, terrible, épouvantable et extraordinairement fort; il avait de grandes dents de fer, il mangeait, brisait, et il foulait aux pieds ce qui restait; il était différent de tous les animaux précédents, et il avait 10 cornes.» Ceci est un genre de fait terrible raconté dans le Mvett !….

Apoc. 12 :1-4 : « Un grand signe parut dans le ciel: une femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de 12 étoiles sur sa tête. Elle était enceinte, et elle criait, étant en travail et dans les douleurs de l’enfantement. Un autre signe parut encore dans le ciel; et voici, c’était un grand dragon rouge, ayant 7 têtes et 10 cornes, et sur ses têtes 7 diadèmes. Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel, et les jetait sur la terre. Le dragon se tint devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son enfant, lorsqu’elle aurait enfanté.» Et là encore, c’est une similitude de grandes histoires guerrières racontées dans le Mvett !

Or, ces deux faits sont inexplicables et ressemblent même à de l’irréel ! Et pourtant il y a bien une explication cachée derrière ces symboles. Ce n’est rien d’autre que du «Mbo’o » du «Mystère»! Comment un léopard peut-il avoir des ailles comme un oiseau, 4 tètes ou un autre animal avec de grandes dents de fer et qui avait 10 cornes ?! Comment est-il possible qu’une femme enceinte soit enveloppée du soleil et qu’un dragon rouge avec 7 tètes et 10 cornes possédant une queue qui entrainaient le tiers des Etoiles sur la terre pour tenter de combattre la femme afin de dévorer son enfant ? Ces épopées sont donc appelées par ‘l’homme blanc’, le mystère, tandis que chez ‘l’homme noir’, Fang, Ekang, c’est du Mbo’o.

Pour comprendre ces données prophétiques bibliques, il faut quelqu’un qui puisse en donner l’explication. Et ce n’est pas n’importe qui de le faire. Il faudra en avoir reçu l’autorisation, l’inspiration, la vision ou le songe divin. Et cette personne n’est autre qu’un diseur, un prophète, une prophétesse ou un interprète. Il a donc fallu que Dieu puisse susciter, par exemple, une prophétesse en la personne d’Ellen G. White afin que par des visions et des songes, il mette en lumière toutes ces révélations complexes et cachées. En occident, à Oku, dans la bible, on appelle son personnage, l’Esprit de prophétie. À plusieurs reprises, on découvre qu’elle utilise les phénomènes naturels de son milieu environnent tels que l’hiver, le grand froid, la neige, … or pour un africain non informé, il ne pourra comprendre ce que cela voudrait dire. …

Exemple, Mat. 24 :19-20 « Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là! Priez pour que votre fuite n’arrive pas en hiver, ni un jour de sabbat ». Un américain comprendrait mieux les conséquences physiques d’une fuite en plein l’hiver, où l’on risquerait d’exposer sa propre vie. Tandis qu’un africain préférait rester à l’ombre de son 50°C avec des symboles utilisés dans sa contrée. De même, le contenu du Mvett, étant une épopée africaine, Tsira et ses pairs l’adaptent à la compréhension africaine qui révèle des faits réels de leur temps et pour l’avenir sous l’inspiration de l’Esprit élevé, le Saint-Esprit. Puisque ceux-ci paraissent insaisissables, ils utilisent des images marquantes ou des mots frappants plus compréhensibles de leur population de sorte à expliquer ce qui s’appelle simplement, Mbo’o, le mystère.

Par extension aux pays du Mvett que sont le Gabon, le Cameroun, la Guinée Equatoriale,… Dieu a donc doté l’Afrique, Engong (le Sud), de personnages spéciaux, possédant de connaissances intellectuelles et spirituelles uniques au même titre que ceux du reste du monde (Oku). Dieu n’a pas tout donné à un seul peuple au détriment d’un autre, loin de là. Chaque peuple possède des connaissances intellectuelles indéniables par rapport à un autre et vice-versa. Bien que des épopées à caractère de sorcellerie existent à Engong comme à Oku, le Mvett n’est donc pas une sorcellerie, c’est un art, une culture, c’est un mystère, un Mbo’o. C’est pourquoi Tsira, Maître du Mvett est simplement un mystère à qui Dieu a donné une autre version pour la transmission de l’existence d’un Dieu unique, créateur et incréé, Eyo’o.

Malgré le fait qu’il m’avait présenté les preuves de tout ce qu’il m’avait raconté, je n’étais pas prêt à prendre cela au sérieux ni même à transmettre ces informations. J’avais une préoccupation plus urgente : m’occuper de cette fille, Marie Jo, nouvellement mariée au Fils du Mvett. Les affaires du Mvett devraient attendre plus tard, si je trouvais du temps. Les sorciers n’avaient-ils pas prédit que je n’aurai même pas une épouse ? Dieu venait de leur prouver que c’est Lui le Créateur. Et en plus, mon épouse est une femme charmante choisie par Dieu lui-même !