Phase VI – MES CATASTROPHES DE 1994

Pages 107-108
Chap. 3 : INVITATION ET VISION DE TSIRA NDONG SUR MA FIANCEE, sans nouvelle depuis 6 mois (Tsira était monté, dans les parvis Celestes, pour en changer avec EYO’O, le Dieu Créateur)

Avec le manque d’information sur ma fiancée, perdue ou décédée quelque part au Rwanda, une nouvelle phase de mes épisodes avait commencé. Celle de pénétrer la pensée du Maître du Mvett. Après l’avoir fréquenté a maintes reprises comme un simple personnage, Dieu m’avait permis de le découvrir sous une autre forme.

Tsira Ndong et son petit frère Ntougou, mes oncles, suivaient l’évolution de mes rudes épreuves tout en restant silencieux. Ils me donnaient aussi l’impression de m’avoir abandonné comme mes amis et autres parents qui étaient près de moi quand coulait la période ‘du lait et du miel’ pendant que mon père était encore vivant. Or, je me trompais énormément. Tsira, à vu d’œil, était autre chose qu’un simple homme. Il savait ce qu’il faisait, voyait tout et connaissait tout mais je ne savais pas avec qui il communiquait. Était-ce avec mon défunt père, comme on le dit souvent dans la tradition que ‘les morts ne sont pas mort’ ?

Alors, nous avions eu quelques moments d’échanges téléphoniques alors qu’il résidait à Oyem, au Nord du Gabon, tandis que moi, je souffrais à Libreville, la Capitale. Il prenait souvent plaisir de me remonter le moral en me demandant si je n’avais toujours pas de nouvelle de Marie Jo. Je répondais par la négative à chaque fois, et je pleurais souvent au bout du fil. Il sentait que le vide de cette fille était atroce pour moi et comprenait le poids de cette souffrance.

Puis vint un jour, où il m’invita de me rendre à Oyem le retrouver afin de rester avec lui pendant quelques jours. J’avais accepté volontiers, parce que c’était un honneur d’être invité par Tsira lui-même ! Et rare sont les gens qui ont eu ce privilège dans la famille ou même parmi tous les gens qui le côtoyait. Mon invitation était unique et présageait quelque chose de très important qu’il voulait me communiquer spécialement. Tsira Ndong recevait des visiteurs de marque dans sa modeste maison. Même le défunt Président de la République Gabonaise, lors de ses passages à Oyem, envoyait souvent des émissaires pour lui transmettre ses salutations ou voir s’il pouvait assister à ses rencontres. Il refusait toujours ces invitations, m’avait-il indiqué plus tard.

Or moi, je n’étais rien devant toutes ces grandes personnalités : pas de position, pas de fortune, … simplement un jeune homme malheureux. Qu’avais-je de particulier, moi, un simple orphelin et prévu pour n’être qu’un inutile dans la société? Un espoir avait rejailli en moi, puis j’avais trouvé un moyen, par route, en m’y rendant sans tarder. Je n’avais dit à personne la vérité sur ce voyage inopiné à Oyem. C’était d’autant plus important pour moi d’y aller puisque je ne faisais rien à longueur de la journée. Pendant que les autres allaient en classe, ou circulaient dans leurs véhicules, je passais le temps à regarder la télévision ou à pleurer dans ma chambre. Encore que je ne possédais même pas de véhicule comme tous les autres garçons de la maison.

(A suivre)