Pages: 195-196 “Mon témoignage et enseignement, 1ère partie
Chap. 6 : ACCEPTATION D’ETRE HUMILIE POUR LE BIEN DE MA FAMILLE

Le souvenir du rêve de ma grand-mère a souvent été le mobile de réussite de ma vie car je voyais de dérouler, comme un film, l’avancement de la mission qui m’avait été confiée par Tsira Ndong Ndoutoume. Il m’arrivait souvent de fondre en larmes  à l’idée que les sorciers avaient prédit des échecs dans tous les domaines de ma vie. La survie de mon épouse et mes enfants était mon seul espoir pour faire perpétuer mon nom. Mon devoir est donc de faire tout mon possible afin de leur accorder des opportunités  pour réussir académiquement, au-delà de mon niveau  quelle qu’en soit la souffrance ou la honte sur ma propre personne. J’avais donc demandé à Dieu de bénir mes enfants pour faire honte à mes ennemis.

Lorsque j’ai été écarté du service de travailler avec joie pour Dieu, avoir eu le salaire et les frais médicaux supprimés sans explication, je devais alors décider entre accepter d’être humilier et de jouer à la belle vie. Après avoir tenté, en vain, de trouver un support auprès de mes parents afin de m’aider à obtenir une autre activité rémunératrice, pour subvenir aux besoins de survenir de mes enfants et de mon épouse, j’avais donc opté pour le pire et les railleries, c’est-à-dire l’humiliation: faire du clando avec mon véhicule, une petite Nissan Sonny, dès le mois de Mars 2010 (voir la marque et le modèle en image).

Que signifiait : faire du clando à Libreville ? C’est l’utilisation d’un véhicule personnel ou parfois administratif aux fins de l’utiliser pour du transport public dans le centre-ville, et  surtout dans les quartiers moyennant une somme de 100 frs CFA ($ 0.20) par personne. Cette activité qui permettait au conducteur d’arrondir les fins du mois, était aussi risquée, car interdite par la Mairie de la ville sauf si l’on vous y autorisait en payant des frais….

Le Fils du Mvett se trouvait donc malheureusement dans ce dernier cas. Le trouvant d’abord dégradant et honteux, j’avais commencé à utiliser mon véhicule d’abord dans les quartiers et des distances moyennes dans le but de fuir la police. Et plus tard, je serpentais les grands axes plus payants. Afin de pourvoir indiquer aux clients votre trajet, puisqu’il y avait plusieurs carrefours tout le long, le ‘clandoman’, sous un soleil de plomb, parfois 40°C, devrait sortir de son véhicule ou sortir la main et faire un signe régulier de la direction à prendre! Il m’était alors arrivé de transporter des amis universitaires ayant des grands postes de travail, des membres de mes familles, ceux de ma dénomination et des élevés où mon épouse était principal de collège, le Collège Adventiste de Libreville!

Les bruits, ou ‘le congossa’, n’avaient pas tardé à se propager dans mon entourage immédiat. Des railleries, des moqueries et des surprises étaient de retour sur ma personne. Ceux qui pensaient dans ma famille que je ne serai rien dans la vie, étaient plus moqueurs et se plaisaient à monter dans mon clando juste pour me tendre une pièce de 100 frs CFA à la fin du parcours, et plusieurs sortaient en riant. Quant à plusieurs membres de ma dénomination, ils étaient scandalisés de voir quelqu’un qui avait fait un brillant parcours professionnel, Trésorier Adjoint en Afrique Centrale (6 pays), qui était entre deux avions régulièrement chaque année, devenir subitement un ‘clandoman’ dans les quartiers pauvres de Libreville.

En outre, les élevés du Collège Adventiste de Libreville, où mon épouse était principale comme je l’ai indiqué plus haut, se plaisaient de monter à bord, afin de sourire discrètement en me donnant une pièce de 100 CFA; plus tard, mon histoire de clando finissait dans les conversations de ces élèves durant leurs périodes de récréations. Le Fils du Mvett était bel et bien humilié;

Malgré ces rires et railleries, j’avais décidé de braver cette honte, d’accepter ma situation et de garder le sourire, parce que le bien-être de mon épouse et de mes enfants était plus important que ces moqueries. Leur aisance et leur réussite étaient au-dessus de moi. J’avais décidé de me battre dans la vie au profit de ceux-ci afin de contredire un jour, par la grâce de Dieu, tous ces moqueurs. …

Étant donné que son moteur commençait à se fatiguer suite au clando, et que les frais de réparation devenaient lourds, j’avais décidé de le vendre en profitant des vacances de fin d’année scolaire. Je voulais voir si Dieu pouvait m’aider à trouver un autre, même plus petit. ….

Or, ce que j’ignorais c’était que Dieu me formait dans ce travail de bassesse pour que cela me soit utile quand j’arriverai dans un pays lointain de l’Afrique. Pendant que les gens riaient sur moi, Dieu aussi riait sur eux sans que je le sache. Bref, Dieu, Eyo’o, préparait le Fils du Mvett pour un avenir.